#19 - "Le product manager de demain sera responsable ou ne sera pas"... vraiment ?
Quand je me fais l'avocat du diable de ma propre tribune...
Hello 👋🏼
Prêt(e) pour une nouvelle dose d'inspiration ?
Je suis de retour avec la 19ème édition de cette newsletter réunissant Product Management et Impact sociétal positif.
Si tu me découvres avec cette édition, laisse-moi me présenter. Je suis Helene Gloux, j’évolue dans l’univers du Produit depuis plus d’une douzaine d’années et j’ai décidé il y a un peu plus d’un an de prendre la parole (et la plume) sur un sujet qui me semble crucial : l’impact sociétal de nos produits !
Dans cette newsletter je te partage mon point de vue, mon expérience, mais aussi celle d’autres products people en matière de produit responsable et de produit à impact. Le tout, sans langue de bois et avec une légère tendance à te pousser dans tes retranchements. Plus de 800 abonnés la reçoivent actuellement, et si tu en faisais partie ?
Aujourd’hui, je voulais rebondir sur une tribune que j’ai récemment eu le plaisir d’écrire pour le média Thiga, sobrement intitulée “Le product people de demain sera Responsable ou ne sera pas”.
Un titre un chouia clivant, mais surtout encore très utopique !
Si je suis honnête, je me suis même demandé s’il ne faisait pas un peu “clickbait”.
Mais finalement, il reflète vraiment ma pensée, mon idéal pour le monde du Produit de demain (faites attention, dans deux minutes je vous sors un discours digne d’une potentielle Miss France). Mais pour autant, est-il réaliste ?
Peut-on vraiment penser que le degré de responsabilité d’une personne préjugera de la place qu’on lui donnera dans une organisation demain ? Ou de sa capacité à bien faire son job ? C'est une question qui mérite qu'on s'y attarde.
A l’heure actuelle, la dimension responsable est surtout un argument mis en avant dans la marque employeur, plutôt qu’un différenciateur sur le CV d’un product manager.
Pour être 100% transparente avec vous, ce n’est même absolument pas un sujet pour la plupart des entreprises qui recrutent, d’après Marion Darnet de Pachamama : “les clients ne m’ont jamais - vraiment jamais - challengée sur la dimension responsable d’un product manager”. On est donc loin d’en faire une condition sine qua non, même si les boîtes à impact vont avoir davantage tendance à chercher des personnes en adéquation avec leur mission et leurs valeurs.
De la même façon, Marion m’a partagé que même si les talents ont tendance à mettre l’impact dans les critères de sélection d’une entreprise, il y a un énorme flou autour de cette notion.
Pour autant, c’est une tendance qui se renforce depuis quelques années. Avec un équilibre à trouver entre impact sociétal et attentes salariales. Mais l’équipe de Pachamama commence à voir des prises de position plus engagées.
“Depuis un an, certains talents font des choix forts, comme prendre un poste aux 4/5ème pour accompagner une association en parallèle, ou encore quitter des scale-ups qui proposent des salaires très confortables pour travailler dans des plus petites entreprises qui ont un réel impact sociétal”, souligne Marion Darnet.
Côté formation, idem : l’impact de nos métiers sur la société (positif comme négatif) est à peine abordé, et le produit “Responsable” est généralement la cerise sur le gâteau.
Des formations spécifiques existent, et c’est un très bon point, mais on ne fera véritablement bouger les lignes que lorsque les formations plus globales prendront en compte ces dimensions. Parler d’éthique et d’impact avant même d’apprendre à prioriser un backlog (un truc qui s’apprend tout de même pas mal dans l’action), voilà un truc qui serait intéressant !
Et maintenant, on fait quoi ?
Alors oui, mon propos peut parfois frôler le militantisme, mais c'est parce que je veux nous secouer le cocotier ! Réfléchissons-y : si on ne commence pas à prendre au sérieux la notion de responsabilité, qui le fera ?
Si on veut transformer ce titre racoleur en vérité, il y a plusieurs pistes :
placer la responsabilité comme vecteur d’opportunités business : parce qu’avant tout, on demande aux Product People de répondre aux besoins des utilisateurs et aux enjeux de performance d’une boite (d’autant plus aujourd’hui). Ça tombe bien, l’édition précédente sur l’impact 40/120 est la preuve que c’est ce qu’elle est !
valoriser les parcours “responsables” : que ce soit dans les médias ou dans les formations, montrer encore plus de profils comme celui de Jeanne Latil Flamme (actuellement chez Nos Gestes Climat), Florian Gauthier (ex CPO chez Bayes Impact) ou Tiphanie Vinet (Coach produit chez Yeita) ne fera que renforcer l’idée qu’on peut avoir un impact sociétal fort et avoir une belle carrière.
éduquer, (dé)former et (re)former : si on mettait autant d’énergie à comprendre l’impact de nos produits sur ce qui nous entoure qu’on en met à débattre du dernier framework à la mode, le monde se porterait bien mieux (et Linkedin aussi !).
recruter plus responsable : au-delà d’ajouter "sens de la responsabilité sociale et environnementale" à la liste des compétences recherchées pour les nouveaux entrants, si on essayait vraiment d’avoir plus de diversité dans nos équipes ? Car oui, on répondra mieux aux challenges qui sont les nôtres en s’entourant de personnes qui ne sont pas des copiés-collés de nous-mêmes. Une piste ? Les profils en reconversion !
C'est avec ce genre d’actions concrètes, mais avec de la profondeur, qu’on commencera vraiment à voir un changement.
On y croit, on agit, et on avance !
La ressource du moment
En ce moment je lis “Une entreprise responsable et rentable, c'est possible”, co-écrit par Claire-Agnès Gueutin (éditrice spécialisée dans le sujet de l’entreprise responsable) et Benjamin Zimmer (Silver Alliance).
L’intérêt de ce bouquin ? Avec 18 entretiens de dirigeants de boîtes “responsables”, il incarne parfaitement l’idée qu’on peut être responsable et faire du business ! Dedans, on retrouve des gens comme Jean Moreau de Phenix, Fanny Picard, d’Alter Equity, Eva Sadoun de Lita.co, ou encore Emery Jacquillat de la Camif.
“Une entreprise responsable ce n’est pas seulement une entreprise qui a adopté une politique RSE [...] Il s’agit véritablement d’exercer son métier lui-même en poursuivant prioritairement cet objectif de contribuer au mieux commun et en étant, de ce fait, encore plus performant”.
Cet extrait de la préface signée Pascal Demurger (Président de la MAIF et co-président du Mouvement Impact France) donne le ton, non ?
Voilà pour cette édition, j’espère qu’elle t’aura donné envie de questionner un peu plus la place que l’on donne à la “responsabilité” dans notre métier !
SI tu as aimé, je t’invite à mettre un petit like ou un commentaire, ça ne mange pas de pain et ça m’aide à faire grandir The Product Shift :)
Helene
Product manager, tendance poil à gratter.
P.S. Si tu connais d'autres esprits curieux et engagés qui partagent cette quête d'impact sociétal positif, n'hésites pas à leur faire suivre ce message.